Chères Amapiennes, chers Amapiens,
Suite aux évènements récents qui ont touchés le milieu agricole, Rhénamap souhaite vous faire part de son point de vue et apporter des explications à la crise agricole actuelle.
Depuis 2022 le malaise s’accroît dans le monde agricole, dans toute l’Europe et dans toutes les filières. La hausse des charges pour les agriculteurs est de plus en plus forte et pourtant ils ne peuvent pas fixer eux-mêmes
leurs prix de vente, ce sont les centrales d’achat qui le font (ce qui est contraire à la loi Egalim). L’empilement des normes, des contraintes, la multiplication des dossiers administratifs ne permettent plus aux agriculteurs de faire leur métier correctement puisqu’ils passent de plus en plus de temps derrière un ordinateur à remplir des formulaires (jusqu’à 4h par jour selon certaines sources).
Enfin la concurrence déloyale exercée par des produits provenant de certains pays de l’UE (dont l’Espagne, l’Allemagne et l’Italie) et des produits hors UE, qui ne respectent pas les mêmes normes de
production (c’est en particulier vrai pour le BIO qui ne recouvre pas les mêmes contraintes selon les pays), concurrence directement les producteurs français.
Les agriculteurs ne parviennent plus à vivre de leur métier et ils ne se sentent pas reconnus alors que leur rôle est fondamental !
Les agriculteurs du Sud-Ouest de la France ont initié le mouvement mi-janvier, avant que leur mouvement ne soit récupéré par les grands syndicats agricoles FNSEA – JA, la Confédération Paysanne ainsi que la Coordination Rurale. Ce sont eux qui ont négocié avec le gouvernement fin janvier à propos des prix du carburant et des traités de libre-échange.
Le coup de tonnerre intervient le 1er février 2024, lorsque le gouvernement annonce la « mise en pause » du plan Ecophyto, comme le demandaient les grands céréaliers de la FNSEA et l’industrie agroalimentaire. La filière Bio est dès lors totalement discréditée.
Les voix qui s’élèvent contre cette mesure sont peu audibles. Nous nous devons de citer l’association Miramap qui représente les AMAP de France et Philippe Camburet, président de la Fédération Nationale
d’Agriculture Biologique (FNAB). Ils insistent sur la baisse des aides prévues pour la filière Bio et sur le retour en arrière en terme écologique.
Les agriculteurs du réseau Rhenamap rencontrent les mêmes difficultés que leurs confrères :
– En raison d’exploitations de petite taille, ils ne se sentent pas reconnus pour leur travail.
– Les fermes sont mises en danger en raison du manque de trésorerie : les banques sont de plus en plus frileuses pour prêter l’argent qui permettrait aux fermes d’avoir une visibilité à plus long terme.
– Les producteurs auraient besoin d’employer du personnel qualifié pour les aider mais ce personnel est rare, d’autant que les rémunérations sont faibles du fait de l’importance des taxes qui pèsent sur les salaires.
– Après une valorisation de la filière Bio durant le Covid, nous observons un net recul des ventes dans cette filière en raison d’idées fausses, en particulier sur les prix.
Le réseau Rhenamap souhaite défendre les circuits courts, une agriculture locale, diversifiée et de qualité pour limiter notre impact environnemental et lutter contre la monoculture. Il est important pour nous de promouvoir le travail de nos agriculteurs pour qu’il soit reconnu à sa juste valeur et que le fruit de leur labeur soit enfin rémunérateur.
Il nous semble également important d’insister sur la simplification indispensable des démarches administratives et des normes, mais cela ne signifie pas faire l’impasse sur la protection de notre environnement commun.
Vous pouvez aider les producteurs du réseau !
– En renouvelant vos contrats régulièrement pour ainsi affirmer votre soutien à un mode d’agriculture pérenne
– En nous aidant à relayer l’information que les prix pratiqués en AMAP sont souvent équivalents à ceux pratiqués sur les marchés ou en grande surface (Des actions sont prévues dans les prochaines semaines)
– En parlant du principe des AMAP autour de vous : consommer local et aider des exploitants locaux à vivre de leur travail
« Produire et consommer autrement », aujourd’hui, plus que jamais, appliquons-le !